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S’ouvrir à d’autres réalités


Considérons l’illusion du monde objectif, monde des objets, encore appelé phénoménal car relatif à l’ensemble des phénomènes. A cet univers sensible s’oppose le nouménal, c'est-à-dire ce qui a trait à l’essence de la réalité ou de manière ontologique à l’être. Ainsi, comme l’affirmait René Descartes, nos sens nous fourvoient. Regardons par exemple toutes les illusions d’optiques en partant des mirages dans le désert. Ceux-ci nous font miroiter une oasis là où rien n’existe. Apparences trompeuses. Les perceptions façonnent l’univers sous une forme préhensible. Mais cette fabrication ne forme qu’un support à la réalité, différent pour chaque personne de plus. Analogiquement, notre monde s’affiche comme un hologramme dont la réalité constitue le support. Notre regard, tel un laser, fournit la lumière nécessaire à la manifestation de cette information potentielle. Nous créons et détruisons tout un ensemble de cosmos au long de notre vie, sans même nous en apercevoir. Voyons comment prendre conscience de ces réalités.


Dans une société à prétention scientifique, la rationalité devient un argument de poids face aux impondérables. « Dieu est mort ! » s’écrit Nietzsche et d’opiner du chef toutes les institutions « sérieuses » de notre époque. Puisque nous délaissons la religion, nous gagnons d’un côté la liberté d’agir selon nos propres impulsions. Mais de l’autre, nous délaissons un sens du sacré dans ce qu’il possède de plus vital. Le scientifique s’intéresse à la mise en évidence des relations entre les différents êtres, qu’ils soient animés ou non. Il en vise même la nature. Le biologiste observe la manière dont un organisme évolue, s’adapte à son milieu et se crée les opportunités nécessaires à sa croissance. L’astrophysicien étudie la qualité des objets spatiaux, les émissions et transformations successives des astres. Le religieux ordonne son quotidien pour rencontrer l’Esprit sous-jacent au monde, qu’il appellera Dieu par exemple. Existe-t-il une grande différence entre les deux approches ? Du côté scientifique, la compréhension des règles universelles offre la perspective d’une trame de fond. Ceci constitue un approfondissement de la connaissance par le biais cognitif humain. Certains physiciens quantiques poussent aujourd’hui l’étude au problème de la conscience. Puisqu’au niveau microscopique, la matière s’échange avec l’énergie, ces chercheurs posent l’hypothèse d’un support fondamental impalpable que nous pourrions nommer « conscience universelle ». La religion offre quant à elle un travail ontologique et donc un retour à cette fameuse conscience. Même si les points de vue divergent quant à la forme, l’attrait pour la réalité demeure dans chacun des cas.

Si nous considérons que les sens ne révèlent les choses que dans la limite de leurs capacités, nous pouvons élargir ce cercle à celui de la pensée. Ces vagues de réflexions plus ou moins approfondies qui nous traversent au quotidien nous rassurent quant à la stabilité de notre environnement. Par l’apprentissage, nous établissons un maillage physique, émotionnel et mental qui structure notre réalité. Pour réussir dans la vie, il faut faire des études. Pour être en forme, il faut manger diététique. Toutes ces idées forgent une référence enracinée en nous qui influe sur tout choix et toute perspective à venir. Selon ce modèle, nous ne constituons au final que comme le produit déterminé par nos expériences passées. Or nous avons évoqué en préambule la possibilité d’un substrat invisible que pointent aussi bien la religion que les sciences actuelles. Apprenons donc à abandonner le monde tel que nous le connaissons et à plonger dans l’inconnu. Cliché, classique nous dirions-nous mais ô combien ignoré par la majorité ! Au lieu de nous fier à notre mental et d’objectiver les évènements, les chosifier dirions-nous plus prosaïquement, nous pouvons délaisser le jugement pour expérimenter ce qui se déroule simplement sous nos yeux. Peu importe la forme, l’expérience se cherche, se veut et possède son but en elle-même. Nous évoquons à l’évidence la part immanente de la réalité. Par la conscience du présent, en ce moment, nous opérons un changement fondamental de perspective. Ce nouveau paradigme délaisse les schémas anciens à tous les niveaux pour créer un être vivant tout à fait original. Comme chaque jour, des cellules meurt et d’autres naissent, notre esprit peut tout à fait apprendre à décliner et à renaître. Mais comment ?


Si venir au monde implique de la souffrance, en partir apporte également son lot d’épreuves. L’entité individuelle que nous nommons généralement « ego » se débat tout au long de la vie pour asseoir sa pérennité. Chaque geste, chaque sentiment se trouve passé au crible de ce filtre. Nous encouragerons donc ce qui nous renforce dans notre sensation d’exister et fuirons le reste. La crise actuelle révèle une prise de conscience générale d’un vide individuel. Se tenant, l’esprit s’agite à combler ce gouffre béant. D’où l’ensemble des peurs et violences manifestées ces derniers mois. La tendance de certains gouvernements à appuyer cette attitude amène énormément de nocivité. Il nous incombe d’ouvrir les yeux et de reprendre nos responsabilités en mains. Accueillir d’autres réalités nécessite un abandon de soi. C'est-à-dire que toutes les croyances que nous posions comme fondamentales doivent être oubliées. Nous ne sommes pas un rôle familial, social ou professionnel. Nous ne sommes pas pire ou meilleur qu’un autre. Nous ne sommes pas un ensemble de qualités et de défauts. Ce travail amorce une phase compliquée qui est celle de la résistance de l’ego. Ce dernier s’infiltre dans toute relation de soi à soi ou de soi au monde. Parfois brutalement avec une émotion forte, nous verrons des angoisses surgir face à l’émancipation familiale par exemple. D’autres fois subtilement avec un doute, nous arrêterons la méditation parce que nous avons trop de travail. Nous pouvons dans tous les cas, nous observer et nous poser la question de nos agissements. Est-ce que nous nous avouons réellement la raison de mes actes ? Si nous sommes clair avec nous-même, pas de problème. Sinon, nous pouvons essayer le plus souvent possible de nous rappeler d’exercer la sincérité.

Lorsque l’accueil du présent sera suffisamment fort en nous, nous n’aurons plus besoin de prétendre être. Le merveilleux existe déjà sous notre nez, nous n’avons pas besoin de téléréalité ou de film à grand spectacle pour nous en rendre compte. Les écrans rendent irréels le réel. Mais nous pouvons faire cet effort de mémoire. Goûter aux petites choses du quotidien et apprécier les relations autour de nous. Si nous lâchons suffisamment de prétention, nous n’aurons plus envie d’argumenter pour avoir raison car toute vérité reste relative. Celle de l’autre comme la mienne. Nous n’accrochons plus sur les mots, le langage demeure un moyen de communication. Mais le mental ne s’implique plus comme avant. Alors, parler devient un moyen de chanter la réalité, comme une vibration qui s’étend. Cela ne repose pas sur une question de niveau car il n’existe pas de hiérarchie à proprement parler. Mais des expériences de conscience dans lesquelles chacun peut s’amuser à se perdre ou à se retrouver. L’accueil de ces réalités réconcilie les différentes approches comme celles du scientifique avec le religieux. Puisque l’ego ne perturbe plus les relations entre le tout et l’individu, il peut jouer son rôle d’interface. Nous apprenons notre rôle d’être humain avec humilité. Même si nous n’arrêtons pas d’apprendre et de nous perfectionner, nous ne nous sentons pas meilleur ou pire ici et maintenant. Simplement heureux de ce que ce présent propose de nous offrir. L’ouverture à d’autres réalités recèle un mystère. Celui de l’illusion du choix. Nous pouvons décider en apparence des directions vers lesquelles nous embarquons. En conscience, expérimentons.


Si différentes visions s’opposent, nous ne mettrons probablement jamais fin à ces conflits entre les personnes. Cependant, nous pouvons nous-même arrêter immédiatement ces pertes de temps et d’énergie. En acceptant que le monde réside dans un océan plus vaste que celui de l’univers sensible, nous accédons à une part de nous-même imprévisible et incroyablement belle. Surprenant, le voyage comporte son lot de péripéties. Nous explorons les contrées intérieures dans le miroir proposé par notre environnement. En déjouant les nœuds de l’ego, les peurs associées tombent une à une. Finalement, la vie devient un terrain de jeu au sein duquel seule l’expérience compte. Vivons, mourrons. Mais que cette existence soit aussi pleine que possible, en s’approchant de l’essentiel, sans rien délaisser. Profitons de chaque occasion d’apprentissage sans nous leurrer sur ce qui est ou n’est pas. Nous ne connaitrons jamais la vérité sur tout. Mais nous pouvons créer notre propre réalité avec justesse. Soyons.

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