top of page
Photo du rédacteurjeremie-gosteau

Travailler le mental


Le travail sur soi embarque dans un long voyage de découverte. Horizons familiers, rivages étranges, contrées parfois sombres et effrayantes, l’univers intérieur se dévoile au travers d’une grande richesse. Dans ces différents aspects de soi nous tombons automatiquement sur ce que l’on appelle le mental. Cet instrument indispensable nous permet d’effectuer les tâches quotidiennes, de nous garder à l’abri du danger et d’interagir avec les autres. Cependant, le revers gravite autour d’une cogitation incessante, d’une dispersion de l’attention et d’une fermeture à la réalité. Nous pouvons apprendre à utiliser le mental sans qu’il ne nous déborde simplement en le remettant à sa place. Nous voyons par exemple que lorsque nous sommes coincés dans un embouteillage, nous nous irritons plus facilement jusqu’à ne plus rien supporter. En favorisant, le moment présent, nous canalisons l’énergie réflexive. Les pensées peuvent défiler mais ne nous accrochent pas. Le mental effectue seulement son travail de repérage et d’analyse. Mais il n’empiète pas sur l’émotionnel. Nous pouvons alors nous détendre, écouter un peu de musique en goûtant tranquillement la situation.

Le mental comporte trois aspects. Le premier s’appelle manas. Il désigne le pouvoir créatif, la capacité à appréhender le monde. Je construis un modèle mathématique par exemple ou j’interprète une partition de musique. Le second se nomme buddhi. Il représente le discernement avec ce qui est juste ou non pour soi. Je mangerais bien ce gros beignet tout huileux. C’est bon au goût mais je sais qu’après j’aurais mal au ventre. L’ego, bien connu de tous, constitue le troisième et dernier aspect. Il induit l’appropriation de toute action. C’est ma maison, ma famille, mon travail, etc. Vous comprenez que l’identification à tout ce qui se présente amène des œillères. Pour connaître la réalité sans voile, nous devons apprendre à arrêter de tout centrer sur le « je ». J’ai parfois l’impression que tout le monde m’observe. Mais peut-être que je le désire et que je crée ce regard sur moi. Si « je » cesse comme référence alors la sensation d’attirer l’attention disparaît. Je me reconnecte à la réalité où finalement, les choses se trouvent plus éparses et moins dirigées vers ma personne. Voyons maintenant plus profondément les deux premiers aspects du mental.

Manas pourrait se résumer à la création du monde. Il regroupe les sens cognitifs et la possibilité de travailler sur les niveaux physiques, énergétiques et spirituels. Il incorpore le début et la fin de toute chose. Je me lève le matin, je suis plein d’entrain. J’ai mille projets en tête. J’arrive au travail, mon patron m’annonce qu’il a choisi ma collègue pour diriger le chantier pour lesquels j’avais trouvé les investisseurs. D’un coup tout s’écroule et je me retrouve seul à me lamenter dans les wc. Cet aspect mental provoque toutes les sensations, impressions phénoménales. Il développe un ensemble apparemment cohérent au sein duquel j’évolue. Il amène les émotions positives et négatives. Les artistes possèdent un pouvoir créateur formidable de même que les personnages politiques. Cependant, l’excès d’énergie entraine vers des déviances intellectuelles ou sexuelles. Nous pouvons maîtriser ce flot puissant en cultivant l’humilité et l’honnêteté. Retirer les voiles, en particulier accepter les côtés sombres de son être, agit comme un catalyseur de la lumière mentale. Cette attitude favorise la joie. Cela supprime donc tout doucement le ressentiment source de tout conflit. Nous pourrions dire que le pouvoir créateur est l’amour. Il réconcilie avec le monde dont nous sommes l’auteur.

Rappelons que buddhi désigne l’intelligence avec la faculté de filtrer les choses. De même qu’il s’avère difficile de regarder le soleil directement en face, connaître la réalité pure fait rejaillir un danger. Comme Icare, nous risquons de nous brûler les ailes sous l’intensité lumineuse. Pour cette raison, le mental sélectionne les informations adaptées aussi bien au quotidien que dans les situations critiques. Il mélange la connaissance, l’expérience et l’intuition. Grâce à lui je sais que je ne dois pas frapper mon enfant bien qu’il me mette sur les nerfs. En effet, les conséquences seraient terribles d’un point de vue affectif et judiciaire. Cela marquerait nos deux personnes à vie. Pour le bébé, ce serait une trahison, une colère mal dirigée avec la sensation d’être fautif sans savoir pourquoi. Pour moi-même, une autre forme de culpabilité avec une haine contre ce petit être qui révèle mon impuissance. Bien orientée buddhi amène les bonnes décisions. La justesse se rapproche de la sagesse. De ce fait beaucoup moins de regrets en jeu. Pour favoriser le discernement dans nos vies, nous devons apprendre à expérimenter sans juger. Tirer des leçons sans conserver de colère. Nous pouvons vivre le présent sans ruminer le passé ou appréhender le futur.


Les trois aspects manas, buddhi et ego s’entremêlent dans la ronde incessante du quotidien. Nous ne les distinguons pas forcément toujours. La difficulté réside en la reconnaissance de ces forces souvent sauvages. Bien maîtrisées, elles nous tirent vers l’unité du monde, notre monde. Intérieur et extérieur se reflètent dans un apprentissage continu. Nous pouvons faire le choix de rester aveugle aux signes du destin. Mais quelles que soient notre personnalité, nos croyances et notre culture, la réalité se rappellera toujours à nous sous une forme ou sous une autre. Si nous désirons l’embrasser pleinement, nous devons simplement remettre les différents aspects mentaux à leur place. Ce voyage intérieur ne prend jamais fin. L’être humain connaît ses premiers balbutiements sur Terre. Mais par fierté il se prend pour le maître de l’univers. Avec un peu de modestie et d’ouverture, il peut réapprendre à observer la Nature et tous ces êtres magnifiques qui l’entourent. Minéraux, végétaux, animaux, tous participent de ce flot vivant puissant. Sans propriétaire, apprenons la liberté. Le mental au service du réel.

14 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page